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Chaire UNESCO : Etude du dopage et analyse des politiques antidopage

Objectifs

Cette chaire s'inscrit dans le cadre d'une comparaison internationale en lien avec plusieurs objectifs de l'UNESCO.

1. Lien entre le domaine du projet et les priorités de l’UNESCO


Comme le souligne la Conférence mondiale des humanités qui s'est tenue en janvier 2016 à l'UNESCO, les sciences humaines sont confrontées à de grands défis et peuvent être une ressource décisive pour contribuer aux transformations sociales de notre monde. Une question centrale concerne l'articulation entre les priorités mondiales et les besoins locaux. Les problématiques sur le dopage dans le sport n'échappent pas à cette tension.
Depuis la création de l'Agence Mondiale Antidopage (AMA) en 1999, on note une réelle volonté d'harmoniser la lutte antidopage au sein du mouvement sportif et des différents États. Les Standards Internationaux (SI) permettent de s'assurer que tous les signataires du Code Mondial Antidopage le mettent en œuvre de la même façon. Il reste que si ces SI ont fait l'objet d'une concertation, le côté coercitif s'impose au-delà des spécificités locales.
Le rôle de l'UNESCO est d'accompagner ce processus à travers la Convention pour l'élimination du dopage dans le Sport mais aussi par sa mission, qui dépasse le dossier du dopage, de défendre la diversité des cultures.
Un enjeu de cette chaire consiste donc à travailler le lien entre la défense des spécificités et des histoires locales et la nécessité d'harmoniser la lutte antidopage à l'échelle mondiale.

2. Contexte

Le dopage concerne tous les sports et aussi bien les professionnels que les amateurs. Face à des substances et méthodes dopantes en constante évolution, des institutions mettent en place des dispositifs répressifs et éducatifs qui se multiplient et se complexifient.

Ce dossier sanitaire, intrinsèquement international, peut mettre à mal le mouvement sportif, des institutions/autorités nationales, des institutions antidopage .

Depuis 1999, date de création de l'Agence Mondiale Antidopage (AMA), la lutte antidopage vise une harmonisation mais peine à saisir et à prendre en compte les spécificités locales (organisation du sport, culture, contexte politique) des différents pays. L'UNESCO, qui assure au Code Mondial Antidopage le statut de traité international, a pour mission d'animer la Convention de lutte contre le dopage dans le sport dans le respect de cette volonté d'harmonisation mais aussi des identités politiques, historiques et culturelles des différents pays.

Du point de vue de la recherche, des connaissances scientifiques restent à construire, en particulier dans le domaine des sciences sociales2 . Il manque des données sur la dimension sociale des consommations de produits dopants mais aussi sur la réalité de la lutte antidopage (Trabal, 2014). Le Fonds pour l'élimination du dopage a soutenu un projet, porté par la France, lequel consiste en une recherche comparative menée dans cinq pays (en dehors de la France, le Brésil, l'Espagne, le Japon et le Mozambique). Les résultats sont encourageants et seront prochainement publiés. 

3. Objectifs

Ce projet vise une meilleure connaissance des pratiques dopantes et des politiques antidopage. Cet objectif scientifique, qui croise une volonté de contribuer à l'amélioration des politiques publiques sur un dossier sanitaire international, comporte pour les sciences sociales plusieurs enjeux. L'un vise une plus large interdisciplinarité puisqu'il s'agit de convoquer la sociologie, l'anthropologie, l'histoire, l'économie, les sciences politiques, l'économie et le droit pour permettre de saisir la réalité du dopage et les modalités de sa régulation. En outre, figure un enjeu théorique puisqu'il s'agit de comprendre comment peuvent s'articuler, sur un tel dossier, une approche mondiale qui s'impose au nom d'une harmonisation et une prise en compte des contraintes locales. Cette tension entre le local et le global dépasse la question du dopage et un enjeu de ce programme de recherche consiste à mener de front d'une part, des enquêtes ancrées dans les réalités du terrain et ce dans différents pays, grâce à un réseau de laboratoires universitaires que cette chaire permettra de créer, et d'autre part, une analyse rigoureuse fondée sur un matériau empirique, composé de documentations et d'enquêtes en sciences sociales pour rendre compte de la diversité des cultures et des pratiques qui y sont liées.

Il existe assurément une façon classique de mener à bien cet objectif. En construisant des indicateurs statistiques, en déléguant à des enquêteurs disséminés dans le monde le soin de récolter des données selon un standard, on peut assurément comparer des entités. Il existe d'ailleurs des métrologies destinées à la comparaison créées dans un souci d'harmonisation des politiques antidopage. Mais il reste toujours un doute sur ce qu'elles enregistrent. On peut considérer qu'elles émanent d'une approche très occidentale du problème puisqu'elles mettent en équivalence des réalités fort différentes par un processus qui les gomme en les ramenant à une prescription. La variabilité culturelle, économique, historique et politique est insuffisamment prise en compte dans la lutte antidopage, qui au nom d'un impératif mondial, finit par nier les spécificités locales.

Ce constat, étayé de cette « critique de la raison statistique » qui s'est largement développée depuis les années 80 (Thévenot, 1986, 2006 ; Boltanski et Thévenot, 1991 ; Desrosières, 1993, 2001, 2004, 2008, Bruno et Didier, 2013, 2014) invite à penser la possibilité d'une analyse sur un autre mode. L'idée consiste à créer un réseau de laboratoires universitaires qui souhaitent étudier le dopage et la lutte antidopage, à les encourager à enquêter en tenant compte des spécificités culturelles, historiques et politiques, de partager des méthodologies et des données afin de discuter ensemble pour produire de la connaissance et de suggérer des pistes aux décideurs politiques. C'est sur un matériau construit par des spécialistes attentifs aux contingences locales que nous pensons organiser un débat scientifique visant à prendre pour objet les tensions entre les priorités mondiales et les besoins locaux, et à proposer des solutions durables pour lutter contre le dopage.

Pour cela, il conviendra d'assurer des formations à destination de chercheurs afin qu'ils puissent définir des programmes de recherches en lien avec les besoins des autorités locales et les exigences d'un programme de recherche international, produire des enquêtes, être capables de discuter les résultats dans des manifestations scientifiques, que nous nous emploierons à organiser.

On peut donc résumer les objectifs généraux en quelques points :
- Produire de nouvelles connaissances en lien avec des besoins des gouvernements
- Développer ainsi des coopérations scientifiques en assurant la formation nécessaire, dans la perspective définie par l'objectif stratégique 5 (37 C/4 – 2014-2021)
- Étudier les tensions entre le local et le global
- Promouvoir ainsi une interface durable entre la science, les politiques et la société qui prenne en compte les spécificités sociales, culturelles, historiques et économiques des États dans le cadre de l'objectif stratégique 4 (37 C/4 – 2014-2021).

A court terme, cette chaire permettra de mettre en place des réseaux d'étude du dopage et d'analyse des politiques antidopage. Ainsi, on visera à :
- une meilleure connaissance de la variabilité des pratiques dopantes au service de la lutte antidopage
- une évaluation des politiques antidopage nationales pour contribuer à leur amélioration et à un meilleur monitoring de l'UNESCO
- la création d'un réseau de laboratoires en sciences sociales pour une coopération scientifique et la formation d'équipes universitaires via la création d'un Master
- l'animation d'un programme de recherche pérenne pour analyser les tensions entre le global et le local, dans le respect de la diversité culturelle.


Dates
Créé le 24 avril 2017

Mis à jour le 27 avril 2017